CICELY MARY BARKER
Cicely Mary Barker est née le 28 juin 1895 à Croydon, dans le Surrey. La famille Barker habite ne confortable maison victorienne dans un quartier de la middle class. Son père, peintre à ses heures, occupe une place honorable chez un gros fournisseur de grains. En raison de sa mauvaise santé (crise d'épilepsie) de sa chambre, lorsqu'elle est malade, Cicely - surnommée Ciskin - écoute le bourdonnement de la maison, la cuisinière qui s'affaire, la bonne en pleine action. On vient la visiter, sa mère, sa soeur, Dorothy de deux ans plus âgée qu'elle, la gouvernante ou encore Rose Bose, l'affectueuse Nanny. Chacun la cajole, la dorlote, l'entoure comme une enfant trop fragile et inconsciemment, la confine aux songes et à l'enfance...
Dorothy et Cicely en 1897
Cicely se met à dessiner. Dès ses premiers dessins, on reconnaît son habilité et son entourage l'encourage à persévérer. On lui offre des albums à colorier ainsi que les délicats ouvrages de Kate Greenaway, notamment "Under the Window".
Il y a des livres dans l'enfance qui s'ouvrent comme on ouvre la porte d'un destin, comme l'enfant qui franchit l'orée de la forêt des contes...
A 13 ans, Cis reçoit en cadeau le "Peter Pan" de J.M Barrie et illustré par Arthur Rackham où les fées, les elfes et les lutins semblent plus réels que le monde qui l'entoure. Son père l'inscrit à la Croydon Art Society et lui offre des cours d'art par correspondance car ces dons des fées peuvent à la longue si on n'en fait rien, se cristalliser et s'émietter au moindre choc.
Alice B. Woodward l'encourage à être exigeante envers son travail, à résister à des formules trop commerciales, à dessiner d'après nature. "Ne suis pas la voie de quelqu'un d'autre, ais suis ta propre voie. Conserve tes rêves", lui écrit Anne Faulkner.
En 1911, l'éditeur Raphaël Tuck achète pour une demi souverain quatre petits dessins à Cicely. Un an plus tard, la mort de son père, qui avec une attention constante, avait guidé ses progrès plonge toute la famille dans la douleur et le désarroi. Dorothy, sa soeur aînée, va prendre les choses en main pour faire face aux exigences matérielles. Elle aura l'idée de créer un jardin d'enfants dans la maison.
Les problèmes d'argent vont ramener Cicely à ses pinceaux, à sa table de travail. Elle écrit de la poésie, réalise des aquarelles pour la Société de promotion de la connaissance chrétienne, des illustrations pour My Magazine, Child's Owen Magazine, The Leading Strings et le Raphael Tuck Annuals, exécute de nombreux portraits et expose à la Women Artists Exhibitions. En 1918, le Royal Institute lui achète pour six cent soixante livres "A Fairy Song", sa première oeuvre d'inspiration féérique.
Occupée à ses songes, à ses pinceaux, Cicely ne voit pas le temps passé.
En 1923, l'éditeur Blackies publie Flower Fairies of the Spring. C'est son premier recueil, son premier bouquet de fées de fleurs.
En 1924, la famille Barker gênée par des problèmes financiers, emménage dans une nouvelle maison. Dorothy emporte avec elle sa garderie d'enfants et Cicely installe son atelier au fond du jardin. C'est dans ce petit recoin enfoui dans le lierre et le chèvrefeuille que la jardinière des fées va composer le meilleur de son oeuvre. Elle travaille beaucoup et ne sort guère de son atelier
De ses voyages, lors des vacances à la mer, sur la côte sud, en Cornouailles, à Amberley dans le Sussex, à Gomshall dans le Surrey avec Margaret Tarrant, une autre illustratrice, et à Bartons, dans la modeste cottage de son autre amie Edith major, blotti dans la campagne de Storrington, qu'elle préfère se retirer et elle ramène des cartons pleins de croquis de scènes de plage, d'enfants au jeu, de paysages, de buissons et de fleurs, de pages d'herbier qui lui serviront pour ses albums Flower Fairies...
Gladys Tidy, qui vient faire le ménage le samedi et dont la fille Brenda prête souvent son joli minois à la ribambelle lutine, introduit une nouvelle fillette aux longs cheveux noirs. Sa peau brune et sa chevelure de jais évoqueront parfaitement les tâches enténébrant le coeur de la fleur. De quelques mots aimables, d'un bonbon, Cicely rassure l'enfant qu'elle entraîne vers des malles où s'entrepose des habits de toute sorte... des tuniques de gaze rose qui évoquent les pétales de l'églantier, des pourpoints de velours mauve, de jupons aussi plissés que les pétales des oeillets, des bonnets pointus, des chapeaux biscornus. La fillette excitée veut tout essayer et Cis enveloppe le corps gracile et souple d'une ample soierie écarlate qu'elle serre à la taille d'une fine cordelette. Elle échancre les épaules et lui ceint le front d'un lien orné de pistils. D'un autre coffre, elle sort deux ailes de gaze noire bordée de pourpre, tendue sur une fine armature de branches et brindilles. Tout en parlant à l'enfant, Cicely parfait l'attitude de la fillette, lui incline la tête de trois quarts, relève le bas du jupon, dégage une mèche tombée sur la joue...
"Parfait, ne bouge plus."
Dans quelques jours, lorsque l'enfant aura abandonné sa pose, rangé dans la malle sa parure, une autre viendra fleurir sa table de travail.
Sa mère est venue lui apporter son thé. Malgré les années, Cicely est restée la petite Ciskin pe,nchée sur ses coloriages. Tendrement, assisse à côté d'elle, elle la regarde. Près du dessin de la petite Poppy Fairy, Cis a posé une fleur de coquelicot qu'elle reproduit méticuleusement.